L’archipel des Marquises se trouve entre 7°50 et 10°35 de latitude sud et 138°25 et 140°50 de longitude ouest. Il est distant au nord-est des iles Hawaii de 3800 km, à l’est d’environ 4800 km des côtes de Basse Californie, 6000 km des côtes de l’Equateur et plus de 3000 km de l’ile de Pâques. Au sud-ouest, il est éloigné de Tahiti de 1400km. Au sud les iles les plus proches sont les atolls de Pukapuka et Napuka a 450 km dans l’archipel des Tuamotu. Cet éloignement fait de lui l’archipel le plus éloigné de tout continent dans le monde.
L’archipel des Marquises est constitué de 12 iles et ilots repartis en deux groupes comprenant chacun 3 iles habitées. Dans le groupe nord-ouest,
Ua pou et Ua huka sont situées de part et d’autre de Nuku Hiva où se trouve la capitale administrative de l’archipel : Taiohae.
Hiva oa est l’ile principale du groupe sud-est, Fatu Hiva est éloignée de 75 km au sud-est, Tahuata n’est séparée d’elle que par les 4 km du canal du Bordelais.
C’est le 27 juillet 1595 que la flotte du navigateur espagnol Alvarez de Mendana entra dans la baie de Vaitahu, meilleur mouillage sur la côte ouest de l’ile de
Tahuata. Son expédition étant commanditée par le vice-roi du Pérou, le marquis de Mendoza.
En galant homme il donna aussitôt à l’ile qu’il venait de découvrir le nom de la belle épouse de son maitre : las islas Marquesas de Don Hutardo de Mendoza De Canete. Fort heureusement, seul fut conservé par la suite le titre nobiliaire : Les Marquises.
La population que le navigateur espagnol découvrit était constituée d’hommes robustes et de haute stature et de femmes fort belles que plus tard, en 1842, Radiguet n’hésita pas à comparer à de « véritables statues antiques aux mains de patriciennes ». La population Marquisienne fut longtemps considérée comme la plus belle du Pacifique. En contrepartie de cette initiation à la « civilisation », les malheureux Marquisiens découvrirent l’alcoolisme (les marins se firent un devoir de leur enseigner comment fabriquer de l’alcool à partir du cocotier !), la prostitution, la corruption et bien sur une flopée de maladies comme la syphilis (vraisemblablement introduite par les équipages de Mendana en 1595), la tuberculose, la rougeole, la variole … La conséquence fut désastreuse.
En l’espace de quelques décennies la quasi-totalité de la population des Marquises avait disparu ! En 1774, selon Cook il y avait à peu près 100 000 individus dans tout l’archipel. Trente ans plus tard, en 1804, le navigateur russe, Krusenstern n’en comptait plus que la moitié et notait déjà la faiblesse de la population infantile. Au fil des années cette dramatique dépopulation allait se poursuivre.
En 1921, on ne comptait que 2094 habitants sur tout l’archipel ! L’alcoolisme, les maladies contagieuses (qu’ignoraient complètement les marquisiens avant l’arrivée des Européens), ainsi qu’une forme de dépression collective sont les principaux responsables de cette terrible dépopulation.
Le charme de ces iles volcaniques attira de nombreuses célébrités françaises telles que Paul Gauguin ou Jacques Brel, qui trouvèrent notamment sur l’ile de Hiva Oa leur paradis.
L’ile de Hiva Oa est la plus importante du groupe sud-est, longue de 40 km d’Est en ouest, et large d’environ 12 km. Il n’existe pas de barrière récifale corallienne et la houle bat ses côtes escarpées. Les cétacés et les grands poissons du large croisent tout près des côtes et se mêlent à la faune côtière. La population actuelle de l’ile compte environ 2500 habitants dont la plupart vit à Atuona, vallée principale.
Hiva Oa est la plus fertile des iles, certainement grâce à son climat subtropical humide qui offre peu de variations de température (entre 23° et 30°), celles-ci intervenant principalement entre le jour et la nuit. L’année connait une période plus humide et un peu plus fraiche entre juin et septembre. La plus importante des trois saisons de récoltes des fruits de l’arbre à pain, le me’i, se situe entre novembre et janvier.
Ces fruits ainsi que plusieurs variétés de bananes et les tubercules de taro constituaient la base de l’alimentation de la population. Les nombreux replis humides du terrain sont particulièrement favorables au développement d’une végétation luxuriante qui compte de nombreuses variétés de bananier (26 selon le Dr Rollin), de cocotier (11 espèces), et d’arbres à pain (33 espèces). Les Européens y ont importé l’oranger, le citronnier, le mandarinier, le manguier, le vanillier et le caféier.
Sa richesse archéologique en fait une des iles les plus intéressantes de l’archipel. C’est dans cette ile que se situe le plus grand « Tahua » des Marquisiens, à Taaoa ; le plus grand tiki de Polynésie dans la vallée de Puamau (mesurant 2,35 m). Ainsi Hiva Oa constitue une sorte d’immense musée archéologique en plein air qui, au détour d’un chemin, au creux d’une vallée étroite, nous renvoie brutalement dans le passé lointain de la civilisation Marquisienne.